Dans un flocon de neige…
Un ruban glacé scintillant court le long du canal sinueux et la danse de nos lames glissant sur la plus longue patinoire du monde nous emporte sous les ponts d’Ottawa, vers un immense lac balayé par le vent du Nord.
À l’orée du bois…
Les érables bayent aux corneilles, gorgés de pluie, dans leur feuillage multicolore tout effiloché en s’étirant langoureusement dans tous les sens. Ils rêvent, tout éveillés, qu’une fois leur soif étanchée et leur carcasse bien sèche, ils replieront leur auvent, se débarrasseront des feuillages en excès, tel un navire qui affale ses voiles à l’arrivée des tempêtes, pour s’endormir à l’abri du frimas et des engelures.
Sous un ciel laiteux…
On retrouve des rangées de maisons d’épices aux balcons endimanchés de couleurs vives, cordées les unes sur les autres. Des cheminées s’élèvent des fumées de bonheur et des fumets gourmands qui vagabondent lentement au-dessus des toits noirs saupoudrés de sucre blanc.
Sous la lumière blafarde du garage…
Une grande main couverte de cambouis sort sous la motoneige pour réclamer d’un mouvement des doigts un outil qu’un jeune homme tend nerveusement à son père. Tous deux rêvent de randonnées dans les sentiers enneigés bordés de conifères, filant dans l’immensité silencieuse et les craquements mystérieux de la forêt endormie.
Même si dehors le vent cinglant hulule…
Dans la cuisine, une mère en sueur et ses deux filles préparent les friandises traditionnelles et douces qui leur permettront de partager des repas réconfortants. Les beignes et les tartes à la farlouche iront au congélateur sous clés, tandis que les trous seront entreposés au réfrigérateur pour le pillage du mois de novembre.
Devant la fenêtre du salon…
Il regarde tomber les gros flocons éclairés par le vieux lampadaire de la ruelle qui colore les ombres des clôtures d’un halo de romantisme ancien et le transporte sur le pont Charles, symbole de Prague et lieu de sa dernière escapade avec Julia sous les flocons de novembre.
Devant le reflet argenté de sa chevelure…
Elle constate que l’automne est fini et que l’hiver commence. En esquissant un sourire mélancolique, elle songe que même si le parcours avenir n’est plus aussi long, il peut toujours être bon et que l’hiver de la vie peut devenir un second printemps.
1 Commentaire
Josée Dombrowski
novembre 8, 2020 at 5:47Merci Blanche! C’est très beau et très poétique! Ça fait rêver. On voit les images!